Les jours diminuent, les températures baissent et l’hyperventilation du laboratoire plébiscitée cet été ne fait plus l’unanimité. Les poussières et virus dilués et balayés par les courants d’air de la saison chaude ne sont soumis actuellement qu’à la ventilation et l’aspiration règlementaires des locaux. Et pourtant la COVID 19 rôde toujours.
La tentation est grande de rechercher des épurateurs d’air pour améliorer la qualité de l’atmosphère et les conditions de travail du laboratoire.
Deux technologies dominent actuellement le marché de ces équipements, l’une s’appuie sur les propriétés physiques des particules l’autre sur les caractéristiques chimiques des produits. La première utilise des filtres de type HEPA 13 ou 14 qui ont la capacité d’arrêter plus de 99 % des particules de plus de 0.3 micromètres de diamètre1. La seconde repose sur différentes réactions chimiques, essentiellement la catalyse et l’ionisation.
Quelques appareils utilisant ces technologies ont été testés en laboratoire et semblent apporter une réponse satisfaisante pour éliminer les virus. Cependant aucune étude n’a été réalisée en conditions réelles pour apporter la preuve de leur efficacité face au SARS-CoV 2 et surtout de leur innocuité.
En effet, certains appareils utilisant des réactions chimiques relarguent en quantité mal maitrisée des composés de dégradation délétères. De même un mauvais entretien ou une maintenance défaillante de ces appareils peut les rendre dangereux dans la mesure ou le virus est un être vivant qui, bien que fragile, peut se multiplier rapidement dans un milieu favorable (température, humidité, présence de protéine…).
Dans ces conditions le personnel chargé de la maintenance et même les utilisateurs peuvent être exposés à leur insu. Le vieillissement et l’usure des équipements ont également été peu testés et semblent problématiques.
Ce matériel doit donc être employé avec beaucoup de vigilance et une extrême rigueur et surtout comme le précise le professeur Bruno Lina, virologue et membre du Conseil Scientifique il doit être utilisé en complément des gestes barrières et de l’aération des locaux et pas en remplacement. Dernier point, le prix élevé, en général supérieur à mille euros, semble en faire un matériel dans l’état actuel des connaissances, peu adapté aux laboratoires de prothèse dentaire.
Pour les prothésistes technophiles qui voudraient absolument compléter leur panoplie de préventeur il a été mis au point un détecteur de CO2, plus abordable (de l’ordre de la centaine d’euros) qui mesure la proportion de CO2 dans l’air.
Le principe est d’avertir lorsque la proportion en CO2 devient trop importante, sachant qu’il a été démontré que la quantité de CO2 est bien corrélée à la charge virale en suspension ; dans le cas bien entendu ou un salarié est porteur du virus.
Ce petit appareil prévient donc du moment où il faut créer un courant d’air dans le local pendant quelques minutes. En effet en atmosphère extérieure la proportion de CO2 est d’environ 400 ppm2 ce qui correspond à une activité métabolique optimale et il a été démontré qu’à partir de 800 ppm à l’intérieur d’un local abritant une présence humaine, certains individus commencent à manifester des troubles de l’attention, de la concentration voire des maux de tête.
Ce seuil peut donc être utilisé comme un signal d’ouverture des portes et fenêtres pour diluer à la fois le CO2 et la charge virale éventuellement présente. On peut également noter que travailler dans une ambiance bien en-deçà de ces seuils permet une concentration accrue pour les salariés et donc un travail de meilleure qualité pour le laboratoire.
Article rédigé par Michel Chaix – IPRP
(1) La majorité des microgouttelettes possiblement contaminées et qui restent en suspension plusieurs heures dans un nuage d’aérosol ont un diamètre de quelques micromètres et quelques-unes peuvent atteindre une centaine de micromètres.
(2) ppm : partie par million soit 1 pour 1 000 000
Last modified: 11 octobre 2021