Évolution et prévention du risque biologique en laboratoire de prothèse dentaire

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Le risque biologique en prothèse dentaire a toujours été faible et la façon de s’en prémunir peu onéreuse (voir NEWS PDF Actualités de septembre 2019).
L’apparition du COVID 19 change la donne et les règles. En effet jusqu’à présent, le seul vecteur en mesure d’introduire un germe potentiellement pathogène d’un haut niveau pour l’être humain était le produit entrant dans le laboratoire (empreinte, moulage, appareil à réparer…) dorénavant le personnel pénétrant dans le laboratoire peut également le véhiculer.

Les règles de prévention concernant les produits manipulés demeurent inchangées :

Désinfection systématique des produits entrants à l’aide d’une solution biocide délivrée par les fournisseurs habituels. Cette opération étant réalisée par un opérateur muni de gants jetables et portant un masque, si possible FFP2.

Avec l’apparition du COVID 19, le vecteur principal devient le personnel.

On peut penser que le salarié ressentant des symptômes ne sortira pas de chez lui et consultera un médecin. Mais il faut savoir qu’une personne avant de ressentir des symptômes est déjà porteuse du virus depuis quelques jours et qu’elle peut contaminer son entourage. Ceci est vrai pour tout individu entrant dans le laboratoire, essentiellement les salariés mais également les fournisseurs, les praticiens ou autres….

La prévention va consister à se prémunir contre la dissémination du virus engendrée par ces vecteurs asymptomatiques. Dans l’état actuel des connaissances la contamination aéroportée est beaucoup plus préoccupante que la contamination manu-portée. D’autant qu’un lavage des mains fréquent est une mesure simple, pratique et très efficace contre cette dernière.

Les nouvelles mesures de prévention doivent donc se focaliser sur le risque généré par une personne porteuse du virus, qui l’ignore et qui pénètre dans le laboratoire. Cette personne peut être tout un chacun. Les prescriptions les mieux respectées en termes de prévention et donc les plus efficaces, sont les mesures collectives et organisationnelles ; l’observance baisse dès que l’on tente d’appliquer des mesures individuelles. Ces règles collectives vont donc avoir pour but de maintenir en permanence une distance minimum d’un mètre entre chaque personne et de “diluer” la présence du virus dans l’atmosphère. Il faut bien noter qu’un individu qui tousse ou éternue, expulse à grande vitesse, donc à plusieurs mètres une grande quantité de gouttelettes qui se maintiennent plusieurs minutes dans l’atmosphère. De même une personne qui parle projette des microgouttelettes qui restent plusieurs heures en suspension. Ces particules potentiellement contaminées se déposent ensuite dans tout l’environnement.

La première des mesures va consister à ne recevoir que le strict minimum de personnel extérieur au laboratoire et conserver la trace de leur passage. De plus, il faut instaurer un sens de circulation, installer une paroi transparente entre les postes de travail trop proches, notamment pour les postes en face à face, organiser les horaires d’accès au vestiaire et à la salle à manger ou en limiter l’accès simultané, aérer régulièrement les locaux occupés en plus de la ventilation. Un nettoyage quotidien systématique des plans de travail et des objets collectifs (poignées, vaisselle, machine à café, toilettes…) doit être organisé à l’aide de produits détergents classiques.

Pour compléter ces mesures, l’hygiène individuelle habituelle doit inclure les gestes barrières (lavage fréquent des mains, toux ou éternuement dans le coude, mouchoir à usage unique…..). Le port de gants est inutile et contreproductif sauf pour déballer et désinfecter les produits en provenance des cabinets. Le port du masque grand public n’est nécessaire que si la distanciation physique n’est pas possible ou si un contact rapproché de plusieurs minutes entre personnes est prévu. Il faut noter que le port de la barbe diminue l’efficacité de toutes les catégories de masque. Un masque adapté (FFP3) doit également être porté ponctuellement par le personnel qui travaille sur les métaux ou le revêtement dans la mesure où la captation absolue de ces particules n’est pas garantie par le système d’aspiration.

Dernier élément, il est probable, dans l’état actuel des connaissances, que la menace virale s’estompe avec l’été et qu’elle réapparaisse avec l’hiver. Il faut donc mettre en place des mesures réversibles adaptées au niveau du risque et profiter de l’été pour en tester l’acceptabilité par le personnel. Et comme le dit si bien la philosophe contemporaine Marie Robert, il va falloir “accueillir l’incertitude”.

Article rédigé par Michel Chaix – IPRP

Last modified: 16 juin 2020