Retour sur l’ADF 2017

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Cette édition 2017, qui s’est tenue du 28 novembre au 2 décembre dernier, aura accueilli 27 271 visiteurs. Ces derniers ont pu rencontrer plus de 400 exposants sur les 4 niveaux du Palais des Congrès. Quant aux séances de formation continue, elles ont regroupées 5 987 congressistes.

LA SÉANCE POLITIQUE

Une séance politique inédite, animée par le journaliste Thierry Guerrier, s’est tenue pendant l’ADF, le jeudi 30 novembre. Tous les professionnels de la santé bucco-dentaire pouvaient y assister et y poser des questions aux représentants des syndicats dentaires négociateurs présents : la CNSD, l’UD et la FSDL. Plus d’une centaine de professionnels de la filière dentaire étaient présents pour évoquer les enjeux et l’avenir de la santé bucco-dentaire, de donner des informations sur les négociations conventionnelles en cours, la plupart des sujets qui font l’actualité de la profession ont ainsi été abordés.

De gauche à droite : Philippe Denoyelle, Président UD et Muriel Wagner, Secrétaire générale UD, Catherine Mojaïsky, Présidente CNSD et Thierry Soulié, Secrétaire général CNSD, Patrick Solera, Président FSDL et Marie Biserte, Secrétaire générale adjointe FSDL

INTERVENTION

Extrait de l’intervention de Michel Bastide, Prothésiste dentaire, membre de l’UNPPD lors des questions au public :

Michel Bastide : On parle de prothèses, on parle de plafonnement, mais on n’évoque pas nos entreprises, nous sommes 3 700 et nous avons fermé 100 laboratoires cette année. En arrivant ce matin à l’ADF, dans votre catalogue, puisque c’est tout de même le congrès des chirurgiens-dentistes, on ne trouve que des publicités de laboratoires asiatiques. On parle de plafonnement du prix des prothèses dans le règlement arbitral et on y retrouve des tarifs inférieurs aux tarifs pratiqués et au coût de production des laboratoires français… Mais pas des
laboratoires chinois. A quel moment allez-vous vouloir afficher la transparence de ce que nous fabriquons et de notre production française d’artisan ?

Catherine Mojaïsky : Les prothésistes sont soumis au même règle de concurrence que nous malheureusement. C’est la concurrence entre une petite structure et des groupes financiers que nous rencontrons aujourd’hui
via les établissements low cost par exemple. Mais avec un risque majeur et la possibilité que des financeurs externes viennent investir dans des cliniques dentaires, c’est quelque chose qui est dans l’air du temps… Les règles de concurrence sont toujours déséquilibrées entre une petite structure artisanale et un gros groupe de finance.

Nous en discutons régulièrement avec l’UNPPD et Laurent Munerot, c’est de pouvoir modifier notre manière de travailler, les prothésistes dentaires évoluent aussi et quand on parle aujourd’hui de zéro reste à charge, on voit bien qu’à un moment ou à un autre, dans le panier de soins du RAC 0, la manière de fabriquer la prothèse va forcément rentrer en jeu ainsi que dans les modalités de fabrication.
L’idée est donc qu’il va falloir aussi que les prothésistes dentaires puissent adapter leur pratique au contenu de ce reste à charge et que nos prothésistes français puissent être concurrentiels.
Nous en discuterons forcément à un moment ou à un autre, mais cela va aussi faire partie du deal de la négociation.
Mais quand vous êtes le pot de fer contre le pot de terre, c’est forcément très difficile et c’est valable aussi bien pour nous que pour les prothésistes.

Thierry Guerrier : Certains patients sont au courant de ce sujet et ils redoutent des problèmes de qualité sur l’objet lui-même, notamment sur certaines prothèses venues de très loin. Elles ont le droit d’être vendues mais certains patients le disent : « Je préférerai avoir un produit européen !», que faite-vous vous, en tant que dentistes, face à cela ?

Catherine Mojaïsky : Nous avons un devis conventionnel aujourd’hui où l’origine de la prothèse est clairement inscrite.

Thierry Guerrier : Oui, mais l’origine ne suffit pas, vous ne pouvez pas préconiser qu’elle soit imposée ?

Catherine Mojaïsky : Nous n’en avons pas le droit, l’Autorité de la Concurrence, et certains d’entre nous le savent très bien, nous met dans l’impossibilité de privilégier certains par rapport à d’autres.

Patrick Solera : Même si nous avons de nombreux points d’achoppements avec Michel Bastide, je suis d’accord sur le fait de protéger un label France, un label qualité et surtout de ne jamais au grand jamais être sponsorisé dans nos publications par des laboratoires asiatiques.
C’est une politique, une charte que nous avons adopté. Nous voulions publier une revue FSDL l’année dernière, et les seuls annonceurs qui sont venus nous trouver sont des prothésistes exotiques. Nous avons refusé, pour une question d’éthique. Nous voulons travailler avec les prothésistes français car protéger leur travail c’est aussi protéger le nôtre. Nous mettrons toujours en avant le prothésiste français, la concurrence est une chose, mais si des gens veulent travailler avec des prothésistes exotiques, ils le peuvent, mais nous défendrons toujours le prothésiste français et le label France… C’est impératif et c’est un des seuls points sur lequel on sera toujours d’accord.

Philippe Denoyelle : Je rejoins ce que dit Patrick, mais mon seul soucis quand je vais négocier, c’est justement de négocier des tarifs qui nous permettent de choisir le laboratoire de prothèse avec lequel nous travaillons.
J’exerce en Dordogne, dans un petit coin, je me verrai mal faire les prothèses ailleurs que près de chez moi.
Nous avons ce réseau et nous nous battons pour cela dans les négociations : pour des tarifs qui permettre toujours au praticien d’avoir le choix de son laboratoire de prothèse de proximité et ça fait partie de ce combat.

Muriel Wagner : Nous établissons des relations de confiance avec nos prothésistes dentaires, c’est un travail d’équipe, nous ne sommes pas seul

 

Last modified: 15 février 2018