Tenir compte de l’évolution de la technique

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Après les quatre premiers principes, éviter les risques, évaluer les risques, combattre les risques à la source et adapter le travail à l’Homme évoqués dans les derniers numéros de PDF Actualités, TENIR COMPTE DE L’ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE est le cinquième des neuf principes généraux de prévention (voir tableau ci-dessus)

Tenir compte de l’évolution de la technique, c’est remplacer, en partie tout au moins, le moulage en plâtre par un moulage synthétique (résine, polymère…) obtenu à partir d’une petite imprimante 3D.
Ce processus évite le port de seaux de plâtre pesants, le maniement de lourds articulateurs et le grattage répétitif sources de TMS(1) ainsi que les manipulations de plâtre qui génèrent de la poussière. Seule précaution à prendre pour bénéficier totalement de l’évolution de la technique : ces réactions chimiques peuvent dégager en fonction des produits utilisés, des vapeurs dangereuses(2) qu’il faut évacuer.

Tenir compte de l’évolution de la technique, c’est utiliser la fusion laser pour fabriquer des prothèses car la production est réalisée en dépression dans une enceinte close, par une imprimante 3D.
Ce procédé, en théorie, évite une diffusion du chrome cobalt pulvérulent, au sein du laboratoire.

Cependant lors de la mise en œuvre de ce processus les phases amont et aval de l’élaboration des prothèses restent souvent problématiques en raison justement de la non utilisation de ce principe “tenir compte de l’évolution de la technique.“

En effet, la logique voudrait que l’ensemble du procédé soit automatisé, limitant ainsi l’intervention humaine et donc l’exposition des opérateurs au chrome cobalt pulvérulent. La pratique des laboratoires est généralement tout autre. Le chrome cobalt pulvérulent, avant d’être déposé dans la cuve de l’imprimante est étuvé pour limiter et homogénéiser sa granulométrie, ce qui occasionne des manipulations de poudre avec transvasement et cette opération est rarement
effectuée sous un dispositif d’aspiration. En ce qui concerne l’étape aval, après la phase de fusion et l’ouverture de la cuve, le plateau est épousseté manuellement puis le reliquat de poudre est récupéré au sein de l’imprimante pour être filtré. Cette opération génère une dispersion de poudre car elle est souvent réalisée à l’aide d’un aspirateur(4) inadapté qui laisse fuir une partie du produit par ses joints et ses systèmes de filtration. Le résultat se lit sur les surfaces des locaux car la dissémination récurrente de cette poussière légère favorise son dépôt sur les plans de travail et les parois. Ces derniers se recouvrent progressivement d’une couche grisâtre et délétère.

Il est donc souhaitable pour tenir compte pleinement de l’évolution de la technique d’automatiser l’ensemble des tâches de fabrication en associant à l’imprimante les systèmes d’aspiration, de filtration et de tamisage automatiques prévus par les fournisseurs.

Tenir compte de l’évolution de la technique, c’est aussi utiliser des technologies additives et soustractives en travaillant à partir de locaux distants pour protéger l’opérateur du bruit ou des émissions de particules.
En effet les travaux de conception peuvent être rassemblés et conduits à partir d’interfaces éloignées des appareils de production. La fabrication réalisée par des machines fiables, dure souvent plusieurs heures et ne nécessite, plus de permanence humaine locale.

Tenir compte de l’évolution de la technique, c’est encore équiper le laboratoire d’un compresseur “silencieux”. Ces modèles peuvent être installés au sein même des locaux, à proximité des salariés. Il n’est plus nécessaire de disposer d’un sous-sol ou d’une dépendance éloignée pour les loger.

Ce que n’est pas tenir compte de l’évolution de la technique, c’est acheter sur des plateformes Internet étrangères des produits d’investissement ou de consommation à bas coût. Ces articles, dont la seule qualité est le prix défiant toute concurrence, sont suivis pendant leur élaboration par des “cost killer” parfaitement incompétents dans les domaines techniques mais dont la fonction est de réduire à “tout prix” le coût final. Ce qui en fait des produits peu traçables, avec des qualités dégradées et une innocuité jamais prouvée.

Le prochain article sera consacré au sixième principe de prévention : REMPLACER CE QUI EST DANGEREUX PAR CE QUI L’EST MOINS.

Article rédigé par Michel Chaix – IPRP

(1) TMS : Troubles MusculoSquelettiques : ce sont des atteintes douloureuses, souvent irréversibles des tissus articulaires qui entravent l’efficacité du geste professionnel.
(2) Voir la Fiche de Données de Sécurité (FdS) de chaque produit utilisé
(3) Le CrCo pulvérulent est un agent chimique cancérigène
(4) Les seuls aspirateurs adaptés aux laboratoires sont des modèles PROFESSIONNELS (étanchéité) dotés d’une filtration de type HEPA 13 ou 14 (performance)

Last modified: 8 mars 2021